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Lieux d'accueil coopératifs

Erwan Lecoeur

A l’occasion du confinement de la crise du Covid-19, une part importante des parisiens et des populations urbaines des grandes métropoles a quitté la ville.

 

La question s’est posée du lieu de confinement de tous ces urbains en exode. Chacun dans sa maison de campagne, mais pas autonome, pas équipée, pas adaptée.

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Une résidence secondaire partagée et autonome, pour un monde plus résilient.

Erwan Lecoeur

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MON IDEE

L’idée est de créer des lieux de confinement potentiel collectifs sous forme de coopératives rurales qui permettent :

  • de s’y réfugier en cas de crise : habitations et lieux de vie

 

  • d'y aller régulièrement pour apprendre à cultiver et se cultiver, nouer des liens sociaux et d’entraide, pour gagner en autonomie

 

  • de transformer l'agriculture en rendant les consommateurs acteurs (récoltes, propriétaires fonciers, marché, etc.) et constituer des réserves alimentaires

 

  • d’avoir une résidence secondaire utile et collective, qui ait du sens

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QUI EST CONCERNE ?

Toute la population qui a envie d’avoir son lopin de terre, de se reconnecter à la nature régulièrement, ou d’avoir une aventure collective.

Pour avancer dans le projet, il faudra s’appuyer sur les élus à sensibilité écologiste, mais aussi s’attirer le soutien des institutions telles que les Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui gèrent des missions d’intérêt général sous tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances, l’INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), ou l’Office National des Forêts.

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COMMENT CA FONCTIONNE ?

L'initiative pourrait démarrer à l'échelle locale (communautés de communes, Parc régionaux) puis se développer progressivement au niveau régional, national et européen.

 

Le bon niveau de réflexion pour démarrer serait idéalement à l’échelle de la métropole, une collectivité qui est capable de réfléchir à son autonomie ; on peut par exemple penser à Grenoble et ses environs : Chartreuse et Vercors, comme terrains d’expérimentation.

Les étapes à suivre pourraient être les suivantes :

  • Planifier un réseau de ces lieux coopératifs, soutenus par les pouvoirs publics locaux et nationaux pour préempter des terrains et des hameaux à l'abandon et confier une nouvelle mission à la SAFER (NB : sur le principe des habitats partagés aujourd’hui trop peu nombreux)

  • Créer des unités de vie et de résidence de 5 à 50 personnes selon les lieux (il faut compter un hectare par famille), soit des fermes de 5 à 500 hectares

  • Créer des postes de référent (fermier-formateur-animateur) à temps plein, chargé de l’entretien minimal des parcelles et des lieux, d’accueil et accompagnement des familles

  • Définir des normes agricoles durables : interdire les produits qu’on juge toxiques pour l’environnement (intrants, pesticides), promouvoir des techniques de permaculture...

 

Certes, l’idée pourrait se heurter à certains freins :

  • Un frein culturel de la part des populations qui entretiennent le fantasme du pavillon et du terrain unifamilial et un frein économique entretenu par des groupes puissants de la filière bâtiment/immobilier promouvant la construction de maisons individuelles neuves

  • Un frein culturel d’une certaine partie institutionnelle du monde agricole (FNSEA, Ministère de l’Agriculture, PAC, IAA) a des difficultés à changer de vision et à renoncer aux vieilles habitudes. Il est aujourd’hui obsolète de considérer que l’agriculture consiste à produire uniquement sur des exploitations de 300 ha, avec énormément d’intrants, en croyant nourrir le monde alors qu’en réalité on cultive principalement pour nourrir des animaux

  • Un frein politique mis en évidence par l’échec de la réforme de la PAC qui a failli être votée en 2012 pour une évolution vers plus de bio

 

Pour lutter contre ces freins, il faudrait :

  • Commencer par changer les mentalités dans les écoles d’agriculture et former les jeunes à une vision plus moderne de l’agriculture

  • Mieux éduquer les élus (notamment du périurbain) sur ce qu’est une ville résiliente et l’urgence à agir en lien avec le territoire environnant

  • Arrêter de construire des zones pavillonnaires et faire à 80% de la rénovation (HQE)

  • Développer les transports en commun pour permettre une mobilité vers les zones rurales

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Voir le livre récent de Claire Desmarres-Poirrier, agricultrice et activiste : « Exode urbain, manifeste pour une ruralité positive » (Terre vivante)

  • Voir le réseau « Les Localos » (sur le web : https://www.localos.fr/) projets en campagne, développement local, autonomie

 

  • Voir Les Oasis en tous lieux : elles peuvent se trouver en milieu rural ou urbain et prendre des formes différentes (éco-habitat participatif, éco-quartier, éco-hameau, commune en transition, tiers-lieu). Elles visent l’émergence d’une société fondée sur l'autonomie, le partage et la convivialité. Une oasis se construit idéalement autour de cinq leviers de changement individuel et collectif :

    • Agriculture et autonomie alimentaire (par l'intégration harmonieuse de l'activité agricole à l’environnement) : potager biologique partagé au sein de l’oasis, installation d’un producteur sur ses terres, relation directe et soutenue avec un producteur local pour l’approvisionnement…

    • Éco-construction et sobriété énergétique ; rénovation et relance du tissu local rural

    • Mutualisation: conjuguer le besoin individuel d’intimité et de souveraineté avec la coopération, la cohésion et la solidarité que permettent des espaces et services collectifs

    • Une gouvernance respectueuse : mise en place de collectifs de vie sur les espaces, sous couvert des expériences d’habitats partagés et d’éco-sites (cf. écolieux). L’accueil et l’ouverture sur le monde

 

  • Voir le projet de reprise de hameaux abandonnés par Anne BEAU de la ferme du Bouchot

 

  • PAC : Pascal Cantin, député européen la REM et président de la Commission Environnement qui milite en faveur d’une réforme de la PAC et d’un changement de modèle agricole

 

  • Sur l’urgence de la ville résiliente, voir la série de Canal + “L’effondrement”

 

  • Sur la manière dont les paysans sont étouffés par la PAC et l’industrie agro-alimentaire : voir le film “Au nom de la terre” (avec Guillaume Canet)

LES RAISONS D'Y CROIRE

...

  • Dans la population urbaine, le besoin d’un lieu de confinement hors de la ville s’est fait sentir fortement. La prise de conscience est là. Le projet permet de renouer un lien entre villes et campagnes au plan métropolitain, dans un cadre sécurisé (accompagnement public et coopératives)

 

  • Même si tout le monde ne changera pas de lieu de vie, une part croissante de la population souhaite se reconvertir, pouvoir cultiver un bout de terre, même de temps en temps. De fait, la main d’œuvre agricole, en potentielle pénurie du fait de la fermeture des frontières en Europe pendant la crise du Covid, ne devrait plus à terme constituer un problème insurmontable

 

  • La crise actuelle a généré une peur et une prise de conscience des territoires (notamment urbains) devant leur faible autonomie, principalement en matière d’alimentation : sans la circulation des vivres grâce au travail des ouvriers agricoles et des transports routiers malgré les conditions difficiles, les populations urbaines n’auraient pas pu être ravitaillées. Le risque de voir se développer des émeutes de la faim est devenu réel

  • Ce besoin correspond à une logique positive d’aménagement du territoire, respectueuse des défis climatiques, qui peut redonner vie à des territoires sinistrés ou à des hameaux à l’abandon, limiter les constructions neuves et réorienter les interventions des architectes vers de la réhabilitation HQE ++

  • Une idée similaire, “Les Oasis en tous lieux”, a déjà été expérimentée par le collectif Colibris. L’idée est d’explorer le "faire ensemble" et de repenser la notion de communauté, en l’envisageant non plus comme un frein à notre liberté individuelle mais bien comme une source de richesse. Plus de 800 oasis existent aujourd’hui

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BIO

Sociologue de formation, enseignant en communication politique et sociologie, consultant de métier, Erwan LECOEUR est un politologue spécialiste de l'extrême droite, de l'écologie politique et transition écologique. Toujours en quête de nouvelles aventures intellectuelles, il étudie l'opinion (méthodes qualitatives) et les mutations sociales (signaux faibles, attitudes, influences), en privilégiant l'idée que le changement vient de la capacité de certains groupes à devenir des minorités actives, capables d'impulser un mouvement social.

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