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Un service civique écologique

Erwan Lecoeur

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D’un côté, la guerre et le service militaire n’est plus une priorité. Le rapport de force entre nations se joue désormais davantage sur le plan économique. Le temps, l’argent et l’énergie consacrés au maintien d’une réserve militaire et civile (sécurité civile) semble anachronique face aux enjeux (crise sanitaire, écologique, etc.).

 

Par ailleurs, le Service National Universel (SNU) créé en 2019 peine à convaincre, du fait de la faible ambition des moyens débloqués devant l’ampleur du besoin. Le secteur de l’éducation à l’environnement (EEDD) cherche des moyens de se renouveler, de passer à l’échelle (des centaines de milliers de personnes à former pour la Transition !) NB : rapport en cours pour le MTES sur ce sujet. 

 

De ce double constat naît le projet de rediriger les ressources aujourd’hui dédiées à une réserve militaire devenue obsolète et à un SNU critiqué, vers une « réserve civique écologique » qui permette de former des générations de personnes pour mieux gérer les crises comme celle que nous traversons (Covid-19), ainsi que la crise écologique, beaucoup plus large, du réchauffement climatique et des ressources.

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En proposant un stage annuel d’une semaine pour tous les citoyens qui permette un apprentissage pratique et théorique des enjeux climatiques, sociaux et alimentaires, la création d'un Service Civique Écologique remettrait l’environnement et la solidarité au coeur de la vie de tous les Français.

Erwan Lecoeur

QUI EST CONCERNE ?

Le SCE concernerait tous les citoyens à partir de 18 ans, et jusqu’aux retraités, et consisterait en un stage annuel d’une semaine de formation (ou de 3 weekends). Pour les jeunes de 18 à 22 ans, la durée du stage pourrait possiblement aller jusqu’à 3 voire 6 mois. 

Le stage serait semi-obligatoire, ce qui signifie qu’on pourrait prévoir des sanctions financières pour les citoyens qui souhaitent s’exonérer de ce stage, sous la forme d’un prélèvement social par exemple.

 

L’objectif à garder en tête est que suivre cette formation annuelle doit devenir une norme sociale valorisante. Grâce à l’effet d’entraînement sur le reste du corps social, cette norme positive sera nécessaire pour lui conférer de façon plus fluide son caractère “obligatoire”.

 

Même si on doit accepter qu’entre 10% et 15% de la population sera rétive à cette participation, l’objectif à terme devrait être de pouvoir former régulièrement 80% des Français.

MON IDEE

L’idée serait de créer un Service Civique Écologique (SCE) qui prendrait la forme d’un stage citoyen annuel, qui aurait pour vocation de développer au sein de la population :

  • une meilleure connaissance et une prise de conscience des enjeux actuels (climatiques, sociaux, démographiques, alimentaires…)

  • un apprentissage pratique de la résilience, répondant à un double impératif de solidarité et de santé publique.  

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COMMENT CA FONCTIONNE ?

Quel serait le contenu de la formation ?

Le service civique écologique comportera 3 temps et dimensions :

  • Pédagogie : un temps de formation sur les grands enjeux écologiques (connaissance des causes, des enjeux et de l’ampleur du réchauffement climatique, compréhension de la crise démographique, alimentaire et énergétique, prise de conscience des menaces sur la biodiversité…)

  • Apprentissage des gestes de premiers secours et de solidarité : assistance aux personnes âgées et vulnérables, revalorisation de la solidarité et du bien commun

  • Apprentissage pratique des outils de la transition : permaculture, production d’énergie, ressources en eau...

 

Où le SCE serait-il organisé ?

Ces stages pourraient avoir lieu, idéalement dans un périmètre de 100 km autour du domicile et en utilisant les ressources locales disponibles :

  • dans les écoles & les universités pendant leur fermeture en été

  • dans les casernes, les camps de vacances

  • dans les friches, les champs…

 

Qui se chargerait de la formation?

Les formateurs de ces stages devront être nombreux et compétents, tant d’un point de vue du contenu théorique, que du point de vue pédagogique et de leur capacité à transmettre les messages. Le plus efficace serait de mobiliser en priorité les pompiers, les personnes déjà formées aux premiers secours, les militants de l’Education à l’Environnement (qui ne s’adressent aujourd’hui qu’à un public restreint de 8-12 ans).

A terme, 10% à 15% des 18-22 ans (qui participent à la version longue du SCE) seront formés pour devenir à leur tour formateur. 

 

Quelles seraient les étapes de sa mise en place ?

L’expérimentation devrait avoir lieu en priorité au niveau des territoires et être étendue progressivement, probablement en 3 temps :

  • Les ONG et les associations pourront démarrer à petite échelle dès l’été 2020 sur la base du volontariat

  • Les collectivités territoriales (villes, métropoles, départements, régions) les plus convaincues par l’urgence et la volonté d’action pourront ensuite montrer l’exemple et ouvrir la voie. Certains territoires ont d’ores et déjà manifesté un fort intérêt pour ces questions : la Drôme (Saillans, Crest, campus de la biovallée), les Amanins (lieu de formation, d’auto-production et d’échanges) ; des métropoles pour lesquelles la résilience devient une valeur (Grenoble, Lyon, Rennes, Paris, etc.), des régions et territoires peuvent s’engager : la Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Centre, Savoie, la Sarthe, le Maine, etc...

  • Après une période de test, l’Etat reprendra sous une forme améliorée et corrigée, et institutionnalisera le dispositif sous 2 à 3 ans (enjeu de la prochaine présidentielle)

 

Comment maintenir un coût raisonnable ?

Il faudra réfléchir à tout ce qui peut permettre de réduire globalement le coût-jour d’une formation : 

  • Trouver des lieux abordables ou gratuits : casernes, lycées, universités, etc.  

 

  • Pourquoi pas fonctionner en partie sur du bénévolat (en échange d’une UV en université), un service civique (jeunes formés deviennent formateurs) et sur le principe du don/contre-don (vison des convivialistes, à partir de Marcel Mauss et le potlatch): j’apprends et je me forme gratuitement (permaculture, secourisme, etc.) en échange de mon travail dans un endroit qui a besoin de bras pour fonctionner (par exemple, la production en bio =  4 fois plus de personnes que l’agriculture chimique).

LES RAISONS D'Y CROIRE

...

La période actuelle offre un moment idéal pour la mise en place d’un tel dispositif pour plusieurs raisons :

  • L’instauration d’un SCE pourrait être promue comme une action de déconfinement à l’été 2020, et être expérimentée avant les élections régionales du printemps 2021 pour s’inscrire in fine dans le programme politique des collectivités territoriales. Le SCE pourrait idéalement devenir un sujet concret de la présidentielle en 2022 

  • La percée récente de la force politique écologique offre un contexte favorable à la considération et l’accueil que pourra recevoir cette proposition. Eric Piolle, quasi-réélu au 1er tour des municipales 2020 à Grenoble, en est un exemple encourageant. Une dizaine de grandes villes pourraient bien basculer aussi prochainement et voir arriver à leurs têtes une équipe municipale très sensible aux questions de l’urgence climatique et de la nécessité de faire de l’écologie une priorité (Lyon, Tours, Grenoble, Rennes, Chambéry, Lorient, et même Paris avec Anne Hidalgo). La même tendance s’observe à l’échelle des régions, susceptibles d’être intéressées par une expérimentation de l’idée (Région Centre, Nouvelle Aquitaine, Bretagne, Alsace…)

  • On assiste récemment à un engagement citoyen sans précédent. La France compte par ailleurs 5 millions de bénévoles qui constituent une réserve précieuse de gens prêts à s’investir et le SNU ne convainc pas les associations. Il faut donc revoir le dispositif en urgence

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POUR ALLER PLUS LOIN

...

1/ Faire le compte des ressources déjà disponibles :

  • Les formateurs ? Sur combien de personnes peut-on compter? Quels seraient les besoins en formateurs pour chaque territoire?

Une certain nombre de formateurs existent déjà : les pompiers, les gens déjà formés aux premiers secours, les militants de l'Éducation à l’Environnement.

 

Les 18-22 qui suivent un cursus plus long pourront être formés dans l’optique d’accompagner leurs concitoyens et de transmettre le contenu. L’objectif serait que 10 à 20% des formés deviennent formateurs.

 

Certains formateurs vont manquer, notamment sur les sujets de l’alimentation et de la permaculture, pour lesquels il existe des spécialistes convaincus et compétents mais peu reconnus. Une des priorités est d'inciter à s’ouvrir plus largement à l’agro-écologie et à la permaculture non seulement les écoles d’agriculture et l’INRA, mais aussi les chambres d’agriculture (tenues par des syndicats, il y a donc du lobbying à faire). 

  • Les lieux ?

 

Lister et cartographier tous les lieux où les formations peuvent avoir lieu : les écoles, universités vides pendant l’été, les casernes désaffectées, les camps de vacances abandonnés, etc. Ce travail de recensement peut être fait facilement et rapidement par un groupe de chercheurs (10) et d’étudiants (50) mobilisés pendant 3 mois.

  • Le contenu ? Élaborer un programme sur ce que doit contenir un programme d’apprentissage de la Transition en mobilisant les ressources existantes et les gens qui y réfléchissent déjà : 

 

- Dominique Bourg, F. Taddei, Planète apprenante (CRI), etc.

- Idées et personnes qui sortent de la convention citoyenne sur le climat

- Les ODD (ministères, ONG..)

- Réseau des convivialistes, Ecole Urbaine de Lyon, (…) 

 

 

2/ Définir les différentes étapes de la mise en place

 

L’idée serait de demander à France Stratégie de déterminer le plan d’action pour la Toussaint avec le calendrier potentiel suivant :

  • Toussaint 2020 : programme de formation arrêté 

  • Noël 2020 : test avec des premiers stages et un objectif de 100 000 personnes formées

  • Mars 2021 : inscription de l’idée du SCE dans le programme des candidats et des équipes aux élections régionales

  • Fin 2021 : proposer l’idée comme axe d’une campagne présidentielle et Législative

 

3/ Mobiliser autour du projet dans le but de faire adopter la proposition du SCE

  • Trouver des ambassadeurs auprès de personnes influentes dans le monde politique et médiatique : Nicolas Hulot, Audrey Pulvar, Cyril Dion…

  • Soumettre l’idée à Gabriel ATTAL (secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Education Nationale, chargé de la mise en place du SNU) par M. Orphelin

  • Publier un manifeste dans les médias principaux et grands publics

BIO

Sociologue de formation, enseignant en communication politique et sociologie, consultant de métier, Erwan LECOEUR est un politologue spécialiste de l'extrême droite, de l'écologie politique et transition écologique. Toujours en quête de nouvelles aventures intellectuelles, il étudie l'opinion (méthodes qualitatives) et les mutations sociales (signaux faibles, attitudes, influences), en privilégiant l'idée que le changement vient de la capacité de certains groupes à devenir des minorités actives, capables d'impulser un mouvement social.

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