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Des villes fertiles pour une autonomie alimentaire

Vincent Liegey

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La crise sanitaire actuelle nous oblige à nous concentrer sur l’essentiel. On s’est rendu compte que la chaîne d’approvisionnement alimentaire était d’une fragilité effroyable, humainement peu souhaitable, et désastreuse sur le plan environnemental.

 

Avec la crise sanitaire, de nombreuses exploitations n’ont pu s’occuper de leurs productions ces dernières semaines, faute de travailleurs saisonniers venant de l’Europe de l’Est.

 

Cette situation révèle un manque d’autonomie et de résilience, et pas uniquement en période de crise. Elle nous invite à relocaliser et réorganiser la façon dont nous produisons ce dont nous avons besoin pour répondre à nos besoins essentiels.

 

A l’inverse, nos AMAP ont apporté dans leurs périmètres d’influence de l’autonomie alimentaire pendant cette période de confinement. 


Aussi, nos questionnements sont multiples : comment se réapproprier des espaces dans les villes pour les transformer petit-à-petit en espaces de production agricole ? Avec une institution publique centralisée, comment peut-on repenser les espaces sur le principe des communs, basé sur l'auto-gestion, le partage ou l’auto-appropriation des espaces, une mise en commun des outils, des savoirs-faire, des connaissances ? 

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Relocaliser la production alimentaire en ville pour être plus autonomes et résilients, remettre les mains dans la terre pour y participer activement.

Vincent Liegey

MON IDEE

Intentions autour de l’autonomie alimentaire, en particulier dans les villes :

 

  • Tendre vers une autonomie alimentaire à différentes échelles, en particulier au niveau des villes étant donné que nous sommes de plus en plus citadins : qu’elles deviennent fertiles !

 

  • Produire de la nourriture dans son quartier mais également créer d’autres formes de solidarité : partager avec ses voisins, aider les personnes plus vulnérables (les plus anciens, les personnes à mobilité réduite ou en situation de précarité)

 

  • Repenser à la fois son autonomie, son rapport au territoire, son rapport à la nourriture (autogestion, résilience, relocalisation de la production agricole)

 

  • Avoir une occupation des territoires plus équilibrée entre ville et campagne : le constat de départ est une concentration des activités culturelles, intellectuelles, mais surtout économiques en ville, avec souvent la contrainte d’y habiter pour des raisons professionnelles

 

  • Sortir de l’organisation actuelle où des agriculteurs isolés travaillent avec du pétrole et des intrants pour nourrir les citadins éloignés qui eux ne participent pas du tout à la production agricole

  • Trouver un équilibre entre la tête et les mains. Pour ceux qui aujourd’hui ne sont pas du tout impliqués dans le travail de la terre, (re)mettre les mains dans la terre, avoir un autre rapport au travail pour dégager du temps et participer à sa production agricole

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QUI EST CONCERNE ?

Cultivateurs: toute personne volontaire. L’enjeu n’est pas nécessairement que tout le monde cultive mais d'abord ceux qui en ont la volonté, les autres pouvant participer à différents degrés.

Il est important que ce soit avant tout ceux qui ont un goût pour cultiver qui s’y mettent en priorité avec un partage des tâches pour rendre l’agriculture plus enthousiasmante et moins pénible pour ceux qui y passent le plus de temps.

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COMMENT CA FONCTIONNE ?

Voici trois types de projets, complètement reproductibles, qui ont été créés et pérennisés pour atteindre ces objectifs :

 

  • Un projet d’agriculture urbaine en “agro-foresterie” urbaine dans un quartier de Budapest, porté par des gens expérimentés (ingénieurs agronomes et doctorants)

 

  • Un projet de ferme bio en permaculture sur une colline proche de Budapest : testé au départ pour déterminer la capacité à produire de la nourriture en autonomie (méthode des essais et erreurs), qui a atteint des résultats probants “au-delà des attentes” des initiateurs

  • Un projet de livraison en vélo-cargo de produits frais de cette ferme bio près de Budapest par Cargonomia. L’idée étant de rendre accessible les produits issus de cette ferme, devenue autonome et très productive, au plus grand nombre, tout en respectant les valeurs intrinsèques de l’écologie. En intégrant la participation de villageois aux différentes étapes, cela permet la (re)valorisation du métier d’agriculteurs et le partage des tâches difficiles en insufflant un dynamisme positif

 

Les points clés du succès de ces expérimentations, que ce soit en amont ou durant la vie des projets en question, sont de nature diverses :

 

  • en premier lieu s’appuyer sur une volonté politique. Celle-ci est fondamentale pour obtenir la nécessaire mise à disposition de terrains 

 

  • entrer dans une logique de récupération d’espaces urbains, en moyenne utilisés à 50% par les voitures, et entamer un processus de dé-bétonisation. Point important : les collectivités doivent être aussi créatives pour la mise en place d’une agriculture verticale par une utilisation des surfaces disponibles sur les toits

 

  • prendre le temps nécessaire à de la pédagogie à destination de la population. Il est en effet nécessaire que les gens comprennent ce que l’on souhaite faire afin de pouvoir les entraîner, de manière auto-gestionnaire, en quelques semaines vers une transformation de leurs habitudes 

 

  • se donner le temps de la transformation, 4 - 5 voire 10 ans, pour tendre vers des formes d'auto-suffisance alimentaires significatives dans les villes

LES RAISONS D'Y CROIRE

...

Plusieurs expériences ou constats tendent à prouver que la démarche d’ensemble est réaliste. Les expériences déjà menées ont par ailleurs montré une très forte capacité d’adaptabilité lors de la crise du Covid19 que nous venons de traverser.

 

Par exemple, pour ce qui concerne le livraison en vélo-cargo de produits frais par Cargonomia (co-fondé par Vincent Liegey), un des effets de l’épidémie de coronavirus à Budapest a été le développement de pistes cyclables, jusque là freiné par le lobby automobile. De la même manière, si la volonté politique est présente, on peut penser qu’il sera maintenant plus facile de libérer des espaces pour la production alimentaire en ville.

 

Autre constat issu de cette crise du Covid19 : la densification des îlots d’habitation et dé-densification des autres espaces urbains est idéale pour libérer de l’espace et recréer de la biodiversité, idéalement comestible ! (NB: jusqu’à maintenant prévalait l’option de densifier les villes pour optimiser la consommation d’énergies).

 

Suite à la crise :

  • On constate que beaucoup ont migré à la campagne pendant la période de confinement liée au Covid-19

 

  • D’autres se disent que vivre dans les grandes villes n’est plus pour eux

 

  • La fermeture/réorganisation d’un certain nombre d’industries peut libérer des espaces

 

Derniers signes encourageants : on ne peut que constater l’explosion en nombre de toutes les initiatives qui ont vu le jour dans le contexte de l’épidémie de coronavirus pour, par exemple, ré-inventer l’organisation d’une AMAP, repenser la distribution de paniers de légumes, etc...

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BIO

Ingénieur de formation et doctorant à l'université d'économie de Budapest sur la Décroissance, Vincent LIEGEY se définit comme "objecteur de croissance" et défenseur d'une société soutenable et souhaitable où l’économie est au service du bien-être social. Chercheur indépendant, essayiste et conférencier, membre du parti de la décroissance, co-auteur en 2012 du livre Un projet de Décroissance, il a co-fondé Cargonomia, un projet collectif au sein duquel il expérimente un modèle économique alternatif qui s'appuie sur le local, l'économie de la réciprocité, devenant ainsi un terrain de recherche appliquée sur la transition et la décroissance.

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